Trajectoires adolescentes, pratiques festives, responsabilités adultes. Jeudi soir aux Chandelles, citoyens, parents, «acteurs jeunesse», élus, ont été captivés par le sociologue Christophe Moreau, invité à animer une conférence sur le thème de la fête et les jeunes par le Comité de veille de la vie nocturne et Lannion-Trégor-Agglomération. «Dans toute société, la fête est importante car elle a pour vocation de souder les communautés humaines. Nos jeunes actuels n’ont rien inventé. Ils ne tendent qu’à reproduire des schémas qui perdurent depuis 2.500 ans», a expliqué en préambule le chercheur. Mais aujourd’hui, le prolongement de «l’état» de jeunesse, le manque de repères et l’absence de perspectives semblent avoir modifié la donne.
Valoriser davantage l’identité de l’adolescent
«Contrairement à ce qui se passe en Afrique ou en Asie, la disparition progressive dans nos sociétés des rites initiatiques et des cérémonies encadrées par l’adulte mettent l’adolescent à distance, le pousse à faire ses expériences à l’écart, loin du regard bienveillant de l’ancien qui ne l’accompagne plus vers l’état adulte», constate le sociologue. Pour éviter que certains d’entre eux, en souffrance, en manque d’amour et de cohérence autour d’eux, s’enferment dans des pratiques mortifères dangereuses, Christophe Moreau préconise de revaloriser le vecteur social et émotionnel de la fête, notamment à travers des politiques culturelles. De mieux protéger le statut adolescent. De valoriser davantage son identité et son utilité sociale plutôt que les éventuels diplômes à venir. De lui apprendre à gérer ses émotions comme cela se fait dès la maternelle au Canada par exemple. D’inviter les familles à dialoguer avec leurs adolescents pour mieux les accompagner dans l’organisation des moments festifs, tout en rappelant aux parents que de dire non est aussi une preuve d’amour. Enfin de ne pas diaboliser mais de soutenir les cadres festifs auxquels aspire la majorité des jeunes, à travers de chartes communes entre les différents «acteurs jeunesse». Des propos salués par Christophe Le Moal, le directeur des Chandelles, et hôte du jour, qui a avoué, à l’issue du débat qui suivait la conférence, se sentir moins seul depuis que le Comité de veille de la vie nocturne existe.